August 22 2024
Montréal, le 22 août 2024.
L’Institut de développement urbain du Québec (IDU), ainsi que les partenaires de l’habitation, soit l'Association de la construction du Québec (ACQ), l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), ainsi que la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) expriment leurs réserves quant à la nouvelle Stratégie nationale de l’Habitation, dévoilée par la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau. Bien que des efforts soient faits pour optimiser et simplifier le processus de délivrance de permis de construire, le plan manque d’ambition en ce qui concerne les cibles avancées. Il ne prévoit aucune mesure financière incitative pour stimuler la construction de nouvelles unités d’habitation, un élément pourtant crucial pour répondre aux besoins croissants de la population.
Nous saluons toutefois la volonté du gouvernement de vouloir accélérer la construction de nouvelles unités de logement, notamment en donnant plus de pouvoir aux municipalités et en offrant de nouvelles opportunités aux entrepreneurs en construction. Cette approche devrait permettre une meilleure réactivité face aux besoins locaux et encourager l’innovation dans le secteur de l’habitation.
Des cibles qui suscitent des interrogations
Le plan vise à atteindre un ratio de logements par ménage correspondant à la construction de 560 000 logements au total sur les 10 prochaines années. Ces cibles sont calculées en fonction d’une prévision démographique stable, incluant l’accueil de nouveaux immigrants.
La Stratégie nationale de l’Habitation prévoit, en outre, l’ajout de 11 500 unités de logement par an, soit une moyenne annuelle de 56 000 unités, un chiffre bien en dessous des prévisions de la SCHL (plus de 140 000 unités par an) pour atteindre l’abordabilité et du directeur parlementaire du budget fédéral (environ 80 000 unités par an) pour rétablir un équilibre dans le marché.
Le gouvernement invite les municipalités à mener leurs propres analyses pour établir leur propre cible et à mettre en oeuvre des mesures spécifiques sur leur territoire, mais aucune directive uniforme n’est prévue dans la Stratégie, ce qui risque de créer des disparités entre les régions, ainsi qu’entre les municipalités au sein d’une même région.
Par ailleurs, malgré l’objectif ambitieux de construire 23 000 unités abordables sur 5 ans, le gouvernement n’a pas précisé la répartition exacte entre les logements abordables ou « hors marché » et ceux du marché privé, laissant planer une incertitude sur l’impact réel de cette stratégie. Nous remarquons également qu’il n’y a aucune nouvelle somme prévue pour stimuler la construction de nouvelles unités et améliorer l’accès à la propriété, notamment dans un contexte où le prix médian des maisons a plus que doublé depuis 2019.
Absence de soutien pour les infrastructures et de collaboration fédérale
Nous déplorons également l’absence de mesures visant à mettre à niveau les infrastructures publiques, un élément essentiel pour permettre à certaines municipalités d’accueillir un plus grand nombre d’unités d’habitation. De plus, aucune entente n’a été conclue avec le gouvernement fédéral concernant les nouvelles sommes allouées dans le budget d’avril dernier, un manque de coordination qui pourrait freiner la réalisation des objectifs fixés.
En somme, bien que la Stratégie nationale de l’Habitation propose certaines solutions pour faciliter les projets de construction, elle ne répond pas pleinement aux défis actuels du marché de l’habitation. Nous invitons le gouvernement à revoir ses cibles à la hausse et à envisager des mesures plus ambitieuses pour soutenir la construction de nouvelles unités, en collaboration avec les acteurs du secteur. En terminant, nous allons continuer de collaborer avec le gouvernement dans la recherche de solutions pour une sortie de crise pérenne et durable. Et dans cette perspective, nous saluons l’initiative de créer un comité consultatif regroupant les professionnels de l’habitation.
À propos de l’IDU
Fondé en 1987, l’Institut de développement urbain (IDU) du Québec est un organisme indépendant et sans but lucratif. L’IDU est le plus important représentant de l’industrie immobilière commerciale au Québec. L’IDU développe des contenus concernant l’immobilier et la trame urbaine. Il agit principalement à titre de partenaire entre les membres de l’industrie, les autorités publiques ainsi que l’ensemble des parties prenantes de l’écosystème de l’immobilier commercial.
Renseignements :
Emmanuella Tchanga
Institut de développement urbain du Québec
514 291-6093
etchanga@idu.quebec